samedi 30 mai 2009

Cela ne m’arrivera jamais.

Sous les arcades de la place Garibaldi un homme assis par terre.

Sa silhouette se distingue à peine dans l'amas incolore de chiffons.

Immobile, tête basse, son regard se perd quelque part sur le bitume.

Autour de lui un désordre de vieilles et sales couvertures et un carton avec un écriteau :

« Moi aussi j’ai cru que cela ne m’arriverait jamais »

Aujourd’hui moi, demain toi.

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C’est samedi soir.
Je suis assis à côté de Jo et Mat qui font la manche dans une ruelle du Vieux Nice.
L’objectif - un kebab à deux.
C’est incommode d’être assis sur un trottoir et ça fait drôle de voir toutes ces chaussures qui défilent au fil du temps devant vos yeux.
Drôle de perspective.
Un autre niveau où les visages des passants sont lointains et leurs regards encore plus distants. Sur un trottoir, on est vraiment « loin, en bas ».
Le temps passe et le gobelet en plastique reste toujours vide.
Mat optimise – Bientôt ils vont sortir des restos, ça ira …
Une heure plus tard j’examine avec attention mes poches.
Je trouve quelques pièces jaunes et je les ajoute à notre piètre butin dans le gobelet.
Jo sourit et me dit lentement : Je ne te dis pas merci. Pas à toi. Entre nous on se remercie pas.
Aujourd’hui moi, demain toi…
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samedi 9 mai 2009

Un ticket.


Ils s’approchent lentement. Ils s’appuient l’un sur l’autre, bras dessus bras dessous. Ils marchent en hésitant, titubent, glissent et à quelques pas du Fourneau Économique, ils s’écroulent tous les deux.

Il est midi d’un jour d’hiver et ils sont bourrés, cuits ! Ils vocifèrent, beuglent, jurent en polonais. Ils sont tristement comiques. Le plus jeune se libère du bras de son camarade, se lève et s’engouffre dans la salle à manger. L’autre reste sur le trottoir en grommelant. Il fait peur aux passants qui tachent de le contourner de loin.

Un vieil homme aux traits maghrébins, un « habitué » du Fourneau Économique s’approche, s’arrête, hoche la tête. Un instant il semble hésiter, puis il cherche quelque chose dans ses poches. Il se penche sur le soûlard et lui tend un ticket, un bon pour un repas. Celui-ci hébété se lève d’un coup, essaye de se redresser et entre dans la salle.

Le vieux reste sur le trottoir. Il examine encore une fois ses poches comme s’il voulait se rassurer. Non, il n’en a pas d’autre. Il rit et il se dirige quand même vers l’intérieur…