mardi 24 février 2009

Plus besoin de vous !


Je croise dans la rue de France un jeune Roumain.

Il y a quelques mois, il venait régulièrement à l’accueil de jour du Secours Catholique. Sans travail, sans logement, sans papiers, sans perspectives – une galère. Un café et un biscuit avec des bénévoles étaient souvent son seul repas.

Maintenant je le trouve pétillant. Bonne mine, élégant, il me fait comprendre qu’il est pressé – le travail !

En me serrant la main il me glisse cette phrase « Dis aux autres (bénévoles) que grâce à vous je n’ai plus besoin de vous ! »

mardi 17 février 2009

Borys … « échec et mat »


Borys est toujours parmi les 10 meilleurs dans la ligue locale du jeu d’échecs. Calme, posé, lucide… un champion.

Il passe des heures à la bibliothèque municipale où il a accès à Internet et là, il met en échec ses rivaux sur les arènes internationales. Patiemment, il m’explique où sont mes failles qui lui permettent de me battre 5, parfois 6 fois d’affilée…

Il y a une chaleur et une bonté qui émanent de son visage toujours serein. Comme tout Russe, il adore le « tchai ». Au Resto du Cœur il boit plusieurs tasses de thé avec un plaisir non dissimulé. « Un croissant, un peu de thé – c’est la vie de qualité !» - déclame-t-il allègrement avec son mélodieux accent slave.

Il s’amuse en inventant des rimes à toute occasion. Borys est un mystère. Ils passent ses jours et ses nuits dans la rue depuis plusieurs années.

lundi 9 février 2009

Un matin, dans le vieux Nice


Le vieux Nice, un matin de décembre. Il pleut légèrement et ça caille.

Laurent, assis sur « son » bout de trottoir, une cannette de bière à la main, observe les passants. De temps en temps il lance un « bonjour » provocateur aux gens qui pressent le pas et qui ne s’aperçoivent même pas de sa présence. Cachés sous les parapluies, les gens s’esquivent et ont l’air de s’éviter mutuellement.

Un peu plus loin, quelqu’un peste et au même moment dans un bar à côté, une dame claque la porte, furieuse…

Laurent frémit de froid, serre plus fort la cannette et avec un sourire malicieux me dit : « Regarde-les, ils se font tous la gueule, et pourtant ils ne se connaissent pas… »

jeudi 5 février 2009

Kebab


Hubert est assis sur le trottoir, appuyé contre le mur d’un bâtiment, à deux pas d’un distributeur de billets de banque…

Devant lui une petite assiette en plastique avec quelques pièces jaunes. Il a l’air écrasé. Des traces de coups, du sang sur son visage. Il n’arrive pas à parler. Il crache, il cherche sa voix et me dit faiblement : « Je n’ai pas de force, achète-moi du kebab. »

Il me donne l’assiette avec de l’argent et me montre du doigt, de l’autre côté de la rue, une boutique maghrébine. L’homme qui travaille au « fast food kebab » veut savoir quelle sauce je préfère. Je fais un signe de tête en lui montrant Hubert. « C’est pour lui » !

Il regarde Hubert de loin, ajoute de la viande et ne veut pas prendre d’argent.